Diala

J’ai fait partie de ces enfants qui lisent avant de s’endormir, très souvent sous les draps.

Au primaire, j’ai adoré écrire des rédactions et rendre fières mes maîtresses et ma famille. Les livres étaient aussi vivants, passionnants et attachants que mes amis, je leur accordais mon amour et mon attention. Au lycée, je choisis la filière littéraire qui me mène à la Sorbonne. Au Quartier Latin, je vois des films à toutes les heures, en grande quantité.

Puis je quitte Paris pour Beyrouth, où je suis engagée comme journaliste pour la page culturelle du quotidien en français L’Orient-Le Jour. De 1999 à 2005, j’interviewe Cesaria Evoria, Ibrahim Maalouf, Etel Adnan, Sabhan Adam, Christophe, Jean-Marie Le Clézio, Brian Molko, Nidaa Abou Mrad, Zad Moultaka, Alberto Manguel, Véronique Olmi, Lydie Salvayre, Atom Egoyan, Gabriele Basilico, Pierre Michon, Solomon Burke, Pierrette Fleutiaux, Andrew Hill, Youssef Chahine, Wadih Al-Safi, Mona Hatoum, et je rencontre des artistes et créateurs uniques, fascinés par leur métier et fascinants d’intégrité, de vulnérabilité forte et digne.
Un séjour en Ouganda bouleverse mon sens de la forêt, de la couleur de la terre, de la chair du sol.

De retour à Beyrouth après un bref séjour en France, je consacre beaucoup de temps à la correction, à la relecture et à la traduction. Je commence une promenade dans l’écriture de poèmes et de textes courts, et je voyage: Yerevan, Berlin, New York. Je parcours du nord au sud et de l’est à l’ouest un Liban que je connais très peu. Je danse beaucoup, parle, ri, et pleure aussi.

2011: à quelques mois d’intervalles, mon premier livre, Pour L, est publié aux éditions suisses Navarino, et j’intègre le corps enseignant de l’Académie libanaise des beaux-arts. Pendant sept ans, j’anime l’atelier d’écriture des étudiants en première année de cinéma et d’audiovisuel et quelques années plus tard, s’ajoutent un cours sur le pouvoir évocatoire du personnage, « Rêver l’espace » et un atelier de lecture et d’écriture.
En 2018, pour un mastère de recherche à la Sorbonne, mon mémoire compare l’oeuvre du mangaka Junji Itō et celle de H.P. Lovecraft.
Entre isolement, méditation et kung fu, le chemin parcouru devient delta: Écrire avec Diala s’alluvionne de musiques, d’images fixes et en mouvement, d’objets physiques et immatériels, de percussions et de vibrations, pour s’incorporer à l’immensité du pluriel: échanges, collectivité, communauté, dépassements et ruptures de frontières, de genres, de normes.